Les ruches de la Montagne Noire et Apicop, 2 acteurs essentiels de la filière apicole

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La production de miel en France varie autour de 10 000 tonnes alors qu'elle était de plus de 30 000 tonnes il y a une vingtaine d'années, rendant le pays autosuffisant. Alors que dans les années quatre-vingt, une récolte d'une ruche pesait sur la balance 30 à 40 kg, aujourd'hui le rendement est au mieux d'une dizaine de kilos. Plusieurs facteurs entraînent des conséquences néfastes pour la baisse du nombre des abeilles et la production de miel : les problèmes climatiques avec une sécheresse de plus en plus persistante, l'emploi de pesticides non raisonné, l'apparition d'un parasite, le varroa, provoquant des maladies et depuis quelques années aussi le frelon asiatique grand prédateur des abeilles. Pourtant nombreux sont ceux qui veulent croire encore à un renversement de tendance. Il existe dans l'Aude deux entreprises qui sont des maillons essentiels en vue de la pérennisation de ce métier d'apiculteur (70 000 à l'heure actuelle) : «Les Ruches de la Montagne Noire» et la coopérative Apicop.

Cette entreprise injustement méconnue, perdue dans la forêt entre Cuxac Cabardès et le Mas Cabardès est pourtant numéro 1 en France dans la fabrication de ruches. Au départ en 1994 fut créé un atelier par Francis Terral (malheureusement décédé à l'âge de 70 ans, il y a quelques jours) dans le village de Villegailhenc.

Amoureux fou du monde des abeilles, il fallait à cet homme des Martys trouver l'ébéniste apte à fabriquer les ruches. Il le trouva en la personne de Michel Koudjik, tout jeune Trébéen à l'époque. Rapidement la qualité du travail permettait de voir les commandes affluer et le nombre de collaborateurs grossir. Trop à l'étroit alors, les ateliers se sont délocalisés dans un bâtiment de 700 m2 loué par la commune de Cuxac. À la retraite de celui qui était également directeur d'Apicop, Michel Koudjik a repris naturellement le flambeau voilà cinq ans.

Une grosse dizaine d'ouvriers travaille à présent à la fabrication des ruches. Il existe six entreprises dans l'hexagone et l'usine audoise est devenue leader avec 7 000 ruches qui sortent chaque année. Celles-ci sont réalisées à partir de pins des Landes (tous les mois 40 m3 de bois transformés) présentant le meilleur rapport qualité-prix et répondant à un cahier des charges très précis. «Nous fabriquons quatre modèles différents plus du sur-mesure si l'apiculteur le demande», explique Michel Koudjik. Le corps, la hausse, les cadres (10 par ruche) sont usinés séparément puis montés pour permettre au final de faire abriter une colonie de 50 000 abeilles par ruche. Le travail soigné avec double panneau, pas de nœud dans le bois a permis de fidéliser une clientèle dans tout le pays. Malgré un contexte peu favorable en ce moment, l'activité ne s'en ressent pas et a même tendance à croître encore grâce à cette qualité reconnue et jamais démentie. Le seul frein pourrait peut-être être, revers de la médaille, la longévité de vie de ces ruches : une quinzaine d'années. Le renouvellement est plus long au contraire de produits importés des pays de l'Est et de Chine, vieillissant beaucoup plus difficilement.

Cette coopérative apicole (la seule sur ce modèle avec une dans le Jura) a 40 ans d'existence. Au commencement, dans les années cinquante, des apiculteurs audois se sont regroupés dans un syndicat puis un groupement d'achat. Installée depuis en 1981 sous forme coopérative, sur la zone de la Bouriette, Apicop a multiplié les points de vente au fil des ans, assurant un maillage dans la grande région Occitane (première productrice de miel). Sept points de vente avec celui du siège à Carcassonne : St Sylvestre sur Lot (47), L'Union (31), St Jean de Verges (09), Labruguière (81), Coursan (11), Pézilla la Rivière (66).

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La mission est la vente de tout le matériel nécessaire pour les adhérents apiculteurs au nombre de 5 500, qu'ils soient professionnels pour 10 % (+ 200 ruches), pluriactifs ou amateurs leur assurant un complément de revenus. La directrice Anaïs Daurtieu ingénieur agronome raconte : «Paradoxalement, bien que la filière connaisse des temps difficiles, le miel possède une bonne image et de nombreuses personnes se lancent sur ce métier à raison de quelques ruches seulement pour leur consommation personnelle et celle de leur entourage.» Dans chacun des magasins, les apiculteurs trouvent une gamme de ruches provenant majoritairement du voisin de la Montagne Noire, des vêtements professionnels, des enfumoirs, du matériel d'extraction et de mise en pot, une panoplie complète de verrerie et depuis peu des produits finis. La directrice poursuit : «Avec le conseil d'administration, nous avons souhaité ouvrir nos lieux de vente au grand public. Ceux-ci proposent désormais, miel, gelée royale, pollen, cire, des produits transformés à base de miel tels soins de beauté, nougats, pains d'épice, hydromel, bière au miel». Sans vouloir jeter l'opprobre sur la grande distribution, Apicop estime que le miel français et en particulier celui de nos régions doit trouver aussi une reconnaissance qualitative. Obliger d'importer une grande partie de nos miels consommés, ceux vendus le plus souvent en grande surface, n'ont pas de traçabilité et sont de qualité médiocre.

Apicop, 200 rue E. Branly, ZI la Bouriette, www.apicop.com

Pierre Adroit (La Dépêche du Midi)

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